Hélène Muyal-Leiris, 35 años, murió asesinada, con 88 otras personas, en el ataque a la sala de espectáculos Bataclán, el 13 de noviembre del 2015, en París.
Su marido, Antoine Leiris, escribió esta carta abierta que ha tenido y sigue teniendo un enorme impacto en todo el país.
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No tendréis mi odio
El viernes por la noche le robaste la vida a un ser de excepción, el amor de mi vida, la madre de mi hijo, pero ustedes no tendrán mi odio. No sé quiénes sois ni quiero saberlo, sois almas muertas. Si el Dios en nombre del que matáis ciegamente os ha hecho a su imagen, cada bala en el cuerpo de mi mujer será entonces una herida en su corazón.
Entonces no. No les voy a hacer el regalo de odiarles. Lo tenéis merecido pero responder al odio por la ira sería ceder a la misma ignorancia que os ha convertido en lo que sois. Queréis que tenga miedo, que mire a mis conciudadanos con sospecha, que sacrifique mi libertad por la seguridad. Y no, no lo conseguiréis.
La he visto esta mañana después de días y noches de espera. Estaba tan guapa, tan hermosa, como cuando me enamoré de ella hace 12 años. Por supuesto, estoy devastado por el dolor, les concedo esta pequeña victoria, pero será de corta duración. Sé que ella nos acompañará cada día y que nos encontraremos en este paraíso de las almas libres al que usted nunca tendrá acceso.
Somos dos, mi hijo y yo, pero somos más fuertes que todos los ejércitos del mundo. Tiene sólo 17 meses y como cada día comerá su merienda y después iremos a jugar como siempre. Toda su vida este niño os hará la afrenta de ser feliz y libre, porque no, no tendréis tampoco su odio.
Antoine Leiris
París, noviembre del 2015
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Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils, mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur.
Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’aie peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.
Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de douze ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.
Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus. |